L'architecture humanitaire cherche à améliorer un problème humanitaire survenu en cas de catastrophe naturelle, de pauvreté, de conflit ou encore de maladie. Ces dernières années, nous avons assisté à un intérêt croissant pour les conceptions durables et socialement responsables. L'architecture humanitaire essaye, à son tour, d'aborder la durabilité et faire la différence.
Par Sipane Hoh
Compte tenu de la dure réalité et des situations auxquelles font face de nombreuses personnes dans la nécessité, l'architecture doit répondre aux besoins fondamentaux d’une famille ou d’une communauté. Cette volonté ne cesse de s'élargir et de se renforcer chaque année, avec des efforts publics et privés collaborant et travaillant main dans la main. En conséquence, le sens de la responsabilité sociale offre de nombreuses opportunités d'innovation et de nouveauté.
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Fournir du bien-être aux vulnérables
Depuis toujours, l'architecture humanitaire vise à fournir du bien-être aux vulnérables. Les architectes humanitaires recherchent toujours des solutions économiques, mais sûres, solidaires et durables. Tandis que quelques architectes se sont penchés sur la construction des abris de secours en cas de catastrophe, plusieurs organisations développent des options de logement mobile, temporaire et utile.
Par ailleurs, les architectes travaillent en étroite collaboration avec les différentes collectivités qu'ils aident afin de bien résoudre leurs problèmes. C'est ainsi qu'ils peuvent leur proposer des solutions durables, sûres et accessibles, spécifiquement conçues pour leur situation particulière. Une telle collaboration -et engagement- avec les communautés sont d’excellentes occasions de créer des liens avec les résidents. À son tour, cela fournit une plus grande empathie et une compréhension plus approfondie de la façon de résoudre les problèmes auxquels les gens pourraient être confrontés. C'est pourquoi, le sens de la responsabilité sociale est crucial et il constitue un élément clé de l'architecture humanitaire.
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Une architecture durable
Une autre facette de l'architecture humanitaire consiste à créer une architecture innovante mais également durable. Pour atteindre une certaine durabilité, il faut utiliser des matériaux responsables qui se maintiennent plus longtemps et qui doivent être plus abordables et accessibles. Les architectes travaillent avec une approche personnalisée, que ce soit vis-à-vis des gens ayant subi des catastrophes naturelles ou vis-à-vis de ceux qui vivent dans des conditions défavorables menaçant leurs droits humains. Ainsi, les solutions innovantes sont indispensables. En outre, le rythme rapide et les contraintes de temps de chaque projet d'architecture impliquent aux architectes des conditions de travail sous pression.
L’architecture humanitaire est plus gratifiante quand on se rend compte que l’architecture va bien au-delà des murs du bâtiment. C’est un énorme défi. D’autant que, dans la plupart du temps, les climats sont parfois rudes, les ressources sont rares et les lieux d’intervention sont éloignés ou difficiles d'accès. Alors, une question importante revient : pourquoi tant d’entre nous aiment s’impliquer dans l’architecture humanitaire? Probablement parce que le besoin d’aider est crucial.
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DSA Risques Majeurs
Depuis plusieurs années, l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Belleville a entamé le cursus du DSA Risques Majeurs. Celui-ci forme des architectes compétents dans la prévention des risques majeurs, la reconstruction et le développement en situation de crise. Les étudiants suivent la formation de quatre semestres et alternent entre cours, ateliers, projets et voyages d’étude. De quoi leur donner un solide bagage pour des interventions d’urgence, en tenant compte des problématiques liées à la durabilité et la résilience.
Tandis que Cyrille Hanappe (l’un des deux associés de l’agence d’architecture parisienne Air architectures) est le directeur pédagogique, l’architecte Pascal Chombart de Lauwe (le fondateur de l’agence d’architecture Tectône basée à Paris), est le directeur scientifique de cette formation. Ce dernier, habitué depuis quarante ans à travailler avec des ONG et à intervenir dans les lieux les plus sinistrés de la planète, nous livre ses impressions. En tant que directeur scientifique, il nous apprend que le DSA Risques Majeurs intéresse les jeunes architectes qui souhaitent se spécialiser en Master mais aussi les architectes, plus âgés, venant des disciplines sociales, urbaines ou paysagères, intéressés par les questions sociales et humanitaires. En effet, les deux années balayent toutes les particularités théoriques et pratiques nécessaires pour travailler dans l’humanitaire. Le programme est dense. Il amorce l’apprentissage au niveau d’un territoire, mais aussi à l’échelle d’un bâtiment. Il s’assure de la capacité d’intervention en présence d’une catastrophe naturelle comme un cyclone, un volcan, un glissement de terrain, mais aussi pendant les guerres et autres conflits.
« L’apprentissage ne s’arrête pas à l’acte de bâtir mais va au-delà pour toucher l’humain » précise l’homme de l’art. Un voyage de 15 jours est prévu, pendant lequel les étudiants partent par groupe de 10 à 18 dans des coins sinistrés pour une reconnaissance du terrain, à la rencontre des habitants et pour répondre à un besoin bien particulier. Le Master prend fin avec le dernier semestre qui est constitué d’une mise en situation professionnelle en France ou à l’étranger, soit dans des ONG ou des institutions et des collectivités qui traitent ces sujets. A noter que tous les élèves de ce cursus ne sont pas originaires de France.
Certains viennent même de très loin. Nous pouvons y croiser des architectes venant du Maroc, de Grèce, du Vietnam, de Chine mais aussi d’Amérique latine.
Les différents retours sont très encourageants selon Pascal Chombart de Lauwe. L’architecture humanitaire constitue un domaine à part entière, utile à tous et partout dans le monde.